Chiens difficiles ou qui se lassent de leur nourriture :
les causes possibles

Notre guide

Nous avons tous l’image du chien avec ses yeux tristes qui aimerait bien qu’un petit morceau tombe de notre assiette lorsque nous sommes à table, ou qui attend sa gamelle en trépignant d’impatience. S’il est vrai que, d’une façon générale, les chiens sont moins difficiles que les chats et ont un comportement alimentaire bien moins compliqué à satisfaire, certains individus peuvent parfois donner du fil à retordre à leur propriétaire. 

Le chien est l’animal de compagnie qui dispose le moins de la possibilité de choisir dans son quotidien, y compris lorsqu’il s’agit de ses besoins primaires : nous choisissons quand il peut sortir faire ses besoins et combien de temps, quand et quoi il peut/doit manger, quand nous sommes disposés à jouer et à lui donner de l’attention… quand les chats ont souvent leur gamelle à disposition, leur litière, et une chatière pour ceux qui sortent. 

Pourtant, même avec la meilleure intention derrière certaines de nos exigences, celles-ci peuvent parfois ne pas prendre en compte le fait que nos chiens ne sont pas (tous) des estomacs prêts à recevoir n’importe quoi de comestible (ou non) sans nuance ni préférences. Certains chiens sensibles ou souffrant d’anxiété peuvent même développer des troubles du comportement alimentaire. Vous pouvez alors vous demander si les chiens peuvent se lasser de leurs aliments. 

Faisons un état des lieux des raisons pour lesquelles un chien peut ne pas sembler très attiré par sa gamelle ou la nourriture en général. Cet article est conçu dans l’ordre des priorités à explorer.

Écarter un
problème de santé

Les chiens, même vivant à nos côtés dans nos sociétés modernes pas toujours adaptées à leurs besoins, restent des animaux qui, tout comme nous, ressentent la faim, car elle permet à tout animal dont nous sommes, de simplement survivre. Cela mène d’ailleurs à certaines interprétations excessives : qui n’a jamais entendu “un chien ne se laissera pas mourir de faim” ?

 

Pourtant, à chaque changement de comportement, qu’il soit lié ou non à l’alimentation d’ailleurs, nous devrions d’abord nous questionner sur l’état de santé de notre chien, même si en apparence, ce dernier semble aller bien.

 

Voici quelques causes médicales à explorer avec votre vétérinaire si votre chien vous semble peu attiré par sa gamelle : 

Troubles digestifs

  • Des problèmes gastro-intestinaux comme des vomissements et de la diarrhée peuvent entraîner une perte d’appétit.
  • Une pancréatite chronique peut créer des douleurs digestives pouvant provoquer une dysorexie

Problèmes métaboliques

  • Le diabète sucré peut affecter l’appétit du chien. Si votre chien vous semble boire plus que d’habitude, consultez votre vétérinaire.
  • Des troubles thyroïdiens peuvent également influencer l’appétit de l’animal. Un chien qui mange peu, mais grossit doit être un motif de consultation.

Douleur ou inconfort

  • Des problèmes de mobilité, notamment au niveau des dernières vertèbres dorsales, peuvent provoquer une soudaine perte d’appétit, par la douleur qui irradie du dos vers les organes digestifs.

Stress et anxiété

  • Des changements dans l’environnement ou le mode de vie du chien peuvent affecter son appétit.

Vieillissement

  • Les chiens âgés peuvent connaître une diminution naturelle de l’appétit.

Obésité

  • Paradoxalement, l’obésité peut être liée à des troubles de l’appétit et du métabolisme.

Effets secondaires médicamenteux

  • Certains traitements peuvent avoir un impact sur l’appétit du chien.
Chiens qui se lassent de leur nourriture

Questionner l’environnement

Certains détails qui n’en sont pas en réalité peuvent nous échapper, car, en tant que propriétaire stressé de voir notre chien ne pas, ou peu s’alimenter, il peut être difficile de prendre du recul et d’avoir une vision globale de la situation pour y trouver des solutions.

Cela concerne notamment quelques ajustements de l’environnement qui peuvent parfois résoudre le problème lorsque ce dernier trouve son origine dans un environnement inapproprié.

 

Partage des ressources dans un foyer multi-chiens

La présence de plusieurs chiens peut créer une compétition pour les ressources, y compris la nourriture. Certains chiens peuvent manger plus rapidement ou en plus grande quantité par crainte de manquer de nourriture alors que d’autres peuvent au contraire perdre l’appétit s’ils se sentent intimidés par la présence d’autres chiens lors des repas. Aussi, la cohabitation avec d’autres chiens peut être source de stress pour certains individus : le stress peut entraîner une diminution de l’appétit chez certains chiens et l’anxiété liée à la présence d’autres chiens peut perturber les habitudes alimentaires normales.

 

Le lieu du repas

Des changements fréquents de l’emplacement des repas peuvent perturber certains chiens et affecter leur appétit. Le niveau de distraction dans l’environnement du repas peut également influencer l’appétit du chien : un endroit trop animé ou bruyant peut le distraire de son repas, réduisant ainsi son appétit. Aussi, un lieu lié à des expériences stressantes ou négatives peut réduire l’envie de manger.

 

Expériences éducatives

Une éducation coercitive peut avoir un impact significatif et négatif sur l’appétit d’un chien en générant un stress chronique qui peut entraîner une diminution de l’appétit. L’anxiété peut également provoquer des troubles digestifs, réduisant l’envie de manger. Les méthodes basées sur la punition peuvent créer une association négative avec la nourriture : si le chien est puni pendant ou après les repas, il peut développer une aversion pour la nourriture et la peur de faire une erreur peut inhiber le comportement naturel d’alimentation.

 

Causes alimentaires et intrinsèques

Si cela peut sembler paradoxal formulé de la sorte, certaines causes d’un manque d’appétit trouvent leur origine dans de petits ajustements auxquels nous ne pensons pas forcément : 

 

Les friandises et mastications

Si leur utilisation est fréquente dans le cadre d’une éducation bienveillante ou nécessaire lorsqu’il s’agit des mastications, il ne faut pas oublier qu’elles apportent des calories et de la satiété. Ainsi, pour un chien en bonne santé qui n’a pas de problème de comportement et dont l’environnement est bien géré, il peut être pertinent de se questionner sur le potentiel impact d’un apport trop important en plus de sa ration quotidienne. 

Certains chiens n’y verront aucun inconvénient (au contraire !) et cela se traduit souvent par une prise de poids, mais d’autres réduiront d’eux-mêmes leurs apports en ne terminant pas leur repas.

 

Des quantités trop importantes

Comme pour les friandises et les mastications, il se peut tout simplement que votre chien reçoive une quantité trop importante d’aliments par rapport à ses besoins et/ou à ses dépenses physiques (celles-ci consommant de l’énergie et entraînant la sensation de faim). Un ajustement des quantités distribuées ou un changement vers un aliment plus adapté peut permettre de rééquilibrer l’appétit de votre chien. Cela arrive souvent en fin de croissance, lorsque l’animal diminue ses besoins énergétiques et que son rationnement n’est pas revu vers le bas. 

N’hésitez pas à peser la quantité d’aliments totale journalière donnée à votre chien et à vous faire accompagner par votre vétérinaire ou par notre service nutrition pour contrôler ses rations par rapport à ses besoins (réels), surtout si votre animal a une fréquence de selles élevées (plus de 3 selles par jour). 

 

Des préférences personnelles

Comme évoqué dans l’introduction, notre chien n’a pas de pouvoir de décision quant à son alimentation. Cependant, cela ne l’empêche pas d’avoir des préférences ! Les chiens possèdent des récepteurs gustatifs qui leur permettent de percevoir différentes saveurs. Bien que leur sens du goût soit moins développé que celui des humains, ils sont capables de distinguer différents types d’aliments, ce qui leur confère la possibilité physiologique (et le droit) d’apprécier ou non un aliment.

 

L’exposition précoce

Les expériences alimentaires pendant la période de croissance jouent un rôle dans le développement des préférences alimentaires futures du chien. La période de croissance représente une fenêtre de sensibilité importante : le système gustatif du chiot est en développement et particulièrement réceptif aux nouvelles expériences. Les expériences positives ou négatives durant cette période peuvent avoir un impact durable sur les préférences alimentaires. Les saveurs transmises via le lait maternel et l’observation du comportement alimentaire de la mère peuvent également influencer le comportement futur du chiot.

Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles un chien peut ne pas sembler très intéressé par la nourriture. Qu’il s’agisse d’un problème de santé sous-jacent, d’un impact environnemental ou tout simplement de ses goûts personnels, il est nécessaire de prendre du recul pour évaluer la situation et pouvoir s’adapter au mieux à son chien.

 

Mon premier chien était un golden, fidèle à sa réputation de gourmet gourmand. Il mangeait tout, y compris de la salade et des feuilles de basilic directement dans le pot ! Même malade, il a toujours mangé, et pour rien au monde il n’aurait manqué un repas. Autant dire que le nourrir était d’une facilité déconcertante et que j’imaginais tous les chiens plus ou moins dans cet état d’esprit. Mais à l’arrivée de mon second chien, un berger américain miniature, la réalité m’a rattrapée, car il était l’exact opposé et a très vite montré un manque d’intérêt pour la nourriture qui s’est vite transformé en dysorexie. Après quelques essais de changement infructueux, déformation professionnelle oblige, j’ai réalisé tout un tas d’examens qui ont finalement mené à un diagnostic de pancréatite chronique. C’est par ailleurs un chien très sensible à son environnement, ce qui a nécessité quelques ajustements pour permettre des repas sereins. La pancréatite chronique étant insidieuse, et les signes de douleur digestive n’étant pas toujours très francs, il a fallu du temps pour comprendre que le mélange douleur digestive et sensibilité comportementale formaient un cocktail détonnant dans l’expression de son appétit, avec des aversions alimentaires lorsqu’il était malade. 

 

Mon conseil principal sera de ne pas céder à la facilité de croire que votre chien est “juste” difficile ou essaie de vous embêter. Le chien est un animal très intelligent, certes, mais avant tout opportuniste, sans que ce terme n’ait de connotation péjorative. Il va vers ce qui est bon pour lui, à différents niveaux, et n’a pas pour but de vous nuire. S’adapter à son chien est le maître mot en toute circonstance.

Justine Rivière, assistante vétérinaire spécialisée en nutrition animale 

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