Fibres non fermentescibles et alimentation du chat :
tout ce qu’il faut comprendre

Les chats sont des carnivores stricts, c’est-à-dire que leur organisme est fait pour digérer principalement des produits d’origine animale. Pourtant, dans leur alimentation, on retrouve aussi des fibres végétales. Pourquoi ? Parce que ces fibres, bien qu’elles ne soient pas « nourrissantes » au sens classique, peuvent jouer un rôle important pour le confort digestif et la santé de votre compagnon.

Parmi elles, les fibres dites « non fermentescibles » sont particulièrement intéressantes. Elles ne sont pas digérées, ni par les enzymes du chat, ni par les bactéries de son intestin. Et c’est justement cela qui fait leur utilité ! On vous explique tout, pas à pas.

Qu’est-ce qu’une fibre
non fermentescible ?

Dans le monde des fibres, il en existe deux grandes familles :

  • Les fibres solubles et fermentescibles : elles se mélangent à l’eau dans l’intestin, sont dégradées par les bactéries du côlon, et produisent des substances utiles comme les acides gras volatils.
  • Les fibres insolubles et non fermentescibles : elles ne se dissolvent pas, ne sont pas dégradées, et traversent l’intestin quasiment intactes.

Les fibres non fermentescibles appartiennent à cette deuxième catégorie. On pourrait dire qu’elles « passent » à travers l’organisme tout en aidant à réguler le transit et à former des selles bien moulées.

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Quels sont les effets des fibres non fermentescibles
chez le chat ?

Même si elles ne sont pas digérées, ces fibres ont plusieurs effets bénéfiques très concrets, notamment :

  1. Elles régulent le transit intestinal : Les fibres non fermentescibles agissent comme un balai naturel. Elles stimulent les contractions du côlon, ce qui aide à faire avancer le contenu intestinal. Cela se traduit par un transit plus régulier et des selles ni trop molles, ni trop dures. Parfait pour les chats un peu paresseux du ventre !
  2. Elles apportent une sensation de satiété : Elles donnent du volume à la ration sans ajouter de calories. C’est utile chez les chats stérilisés, peu actifs ou qui ont tendance à manger plus que nécessaire. Le chat se sent rassasié plus longtemps, ce qui limite les grignotages ou les miaulements de faim.
  3. Elles aident à lutter contre les boules de poils : Les chats passent beaucoup de temps à se lécher. Ils avalent donc naturellement des poils, qui peuvent former des boules dans leur estomac. Les fibres non fermentescibles favorisent leur progression dans le tube digestif, pour une élimination naturelle dans les selles plutôt que par vomissement.
Bon à savoir

Une étude publiée dans All About Feed (2015) a montré que l’ajout de 4 % de cellulose dans une alimentation sèche (croquettes) permettait de réduire de 79 % les vomissements, de 91 % les haut-le-cœur et de 70 % la toux liés aux boules de poils, comparé à un régime témoin.

D’autres études ont également montré une hausse nette de l’excrétion de poils dans les selles en fonction du taux de cellulose ajouté (jusqu’à +72 % d’excrétion pour un régime à 7,8 % de fibres brutes).

À l’inverse, une étude plus récente (Loureiro et al., 2017) a testé l’effet de la pulpe de betterave (fibre modérément fermentescible) sur l’excrétion de boules de poils chez des chats à poils courts. Trois régimes ont été testés (0 %, 8 % et 16 % de pulpe de betterave). Résultat : bien que la pulpe de betterave ait réduit le temps de transit intestinal et augmenté la quantité de selles produites, elle n’a pas diminué ni le nombre ni la taille des boules de poils retrouvées dans les selles. Cela confirme que toutes les fibres ne se valent pas, et que les fibres insolubles de type cellulose semblent plus efficaces que des fibres partiellement solubles comme la pulpe de betterave pour cet usage.

Et chez le chien, que disent les recherches ?

Une étude publiée dans Animals (2022) a évalué les effets de la lignocellulose (jusqu’à 4 %) chez le chien. Voici ce qu’il en est ressorti :

  • Les chiens ont bien toléré cette fibre, sans baisse de consommation ni altération de l’état corporel.
  • La consistance des selles s’est améliorée avec des scores proches de l’optimal (autour de 2 sur 5).
  • La teneur en matière sèche des selles a augmenté, ce qui signifie des selles plus fermes.
  • L’absorption de la matière organique et des glucides a légèrement baissé, mais sans impact sur les protéines ni les graisses.

Cette étude confirme que la lignocellulose, comme la cellulose, peut être un outil intéressant dans les formules allégées ou digestives. On peut extrapoler certains résultats à l’espèce féline, tout en tenant compte de ses particularités métaboliques.

 

Quels ingrédients contiennent des fibres non fermentescibles ?

Voici les principales sources de fibres non fermentescibles que l’on retrouve dans les croquettes ou pâtées pour chats :

  1. La cellulose purifiée : C’est la star des fibres insolubles. Elle est extraite du bois (non traité bien sûr), puis purifiée et réduite en poudre très fine. Elle ne se dégrade pas du tout dans l’intestin. Elle est très utilisée pour sa capacité à réguler le transit, améliorer la consistance des selles, et aider à la gestion du poids ou des boules de poils. La cellulose fibrillée (particules très fines, avec un effet de réseau insoluble) semble la plus efficace.
  2. La lignocellulose : C’est un mélange de cellulose, lignine et hémicelluloses, également extrait de fibres végétales. On la retrouve dans des produits techniques. Elle a des effets proches de la cellulose purifiée, tout en apportant parfois une texture plus agréable à l’aliment.
  3. Le son de blé ou d’avoine : Ce sont des fibres issues de la couche externe des céréales. Elles contiennent une part de fibres non fermentescibles, mais aussi des fibres solubles. Bien dosées, elles peuvent aider au transit. Mais en excès, elles peuvent aussi gêner la digestion.
  4. La lignine : Très résistante et totalement non fermentescible. Mais utilisée avec parcimonie, car elle peut interférer avec l’absorption de certains minéraux comme le calcium ou le fer.
  5. Les mélanges de fibres végétales (pulpes, coques, cosses) : Certaines recettes utilisent des fibres issues de la betterave, des pois, ou encore de graines. Ces fibres sont parfois en partie fermentescibles, mais apportent un bon équilibre pour la digestion globale.

 

Comment repérer les fibres non fermentescibles sur une étiquette ?

Sur les sacs de croquettes, vous verrez souvent une mention « fibres brutes » ou « cellulose brute ». C’est une mesure approximative de la quantité de fibres non fermentescibles dans l’aliment. En général :

  • Entre 2 et 5% : quantité normale pour un chat adulte.
  • Au-delà de 6% : formulation spécifique, par exemple pour la perte de poids ou les problèmes digestifs.

Mais attention : cette indication est incomplète, car elle ne distingue pas les fibres solubles et insolubles. Les fabricants peuvent aussi indiquer des ajouts spécifiques comme « cellulose purifiée » dans la liste des ingrédients.

Quelle quantité de fibres non fermentescibles donner à son chat ?

Tout dépend du profil de votre chat. Un chat actif et en bonne santé peut se contenter de 2 à 5 % de fibres brutes dans son alimentation, là où un chat sédentaire, stérilisé ou sujet aux boules de poils, bénéficiera de recettes enrichies, autour de 5 à 10 %. En cas d’obésité ou de constipation chronique, certains aliments vétérinaires montent jusqu’à 12 à 15 %, sous contrôle vétérinaire.

Les fibres non fermentescibles ne nourrissent pas directement votre chat, mais elles jouent un véritable rôle dans son bien-être intestinal. Elles sont utiles pour réguler le transit, limiter les vomissements liés aux poils, aider à la gestion du poids et aider à produire des selles faciles à évacuer (et à ramasser).

Mais comme pour tout ingrédient, c’est une question d’équilibre. Trop peu, et elles ne servent à rien. Trop, et elles peuvent gêner la digestion. Si vous avez un doute, n’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire ou à un professionnel de la nutrition animale.

 

Sources clés :

  • Beynen AC. « Feline hairball control by dietary cellulose ». All About Feed. 2015; 23(7):11–13.
  • Abd El-Wahab et al. « Digestibility of a Lignocellulose Supplemented Diet and Fecal Quality in Beagle Dogs. » Animals (Basel). 2022; 12(15):1965. doi:10.3390/ani12151965
  • Weber M, Sams L, Feugier A, Michel S, Biourge V. « Influence of the dietary fibre levels on faecal hair excretion after 14 days in short and long‐haired domestic cats. » Vet Med Sci. 2015 Jul 7;1(1):30–37. doi: 10.1002/vms3.6
  • Loureiro BA et al. « Beet pulp intake and hairball faecal excretion in mixed‐breed shorthaired cats. » J Anim Physiol Anim Nutr. 2017; 101(Suppl. 1):31–36. doi:10.1111/jpn.12745

 

Article co-rédigé par Charlotte Greff et Camille Coste, agronomes spécialisées en nutrition animale et en petfood

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